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Importance d’une alimentation saine dès la grossesse

  • par Stanislas Trolonge
  • 29 nov., 2017

Du désir de grossesse à la naissance, la prise en charge nutritionnelle est un élément majeur . 

ÉQUATION NUTRITION  N° 179 # Octobre 2017 - Extraits choisis http://www.aprifel.com/
La grossesse ne débute pas à la conception mais avant !
Une prise en charge nutritionnelle préconceptionnelle est indispensable. Prenons l’exemple de l’acide folique (vitamine B9), préconisé à la dose de 400 mg par jour au moins un mois avant le début de la grossesse et jusqu’à 2 mois.
Dans une enquête périnatale de 2010, seules 10% des femmes avaient une prise conforme à ces conseils. L’optimisation nutritionnelle se poursuit jusqu’aux 2 ans de l’enfant, ce qui fait 1000 jours.
Les auteurs de cette revue montrent que, grâce à une prise en charge diététique adaptée, une réduction des complications obstétricales est toujours possible, de la conception à la naissance, il n’est jamais trop tard !

En Iran, à Téhéran, l’équipe de S. Ziaei, a montré la possible réduction des pertes fœtales précoces par un meilleur équilibre micro nutritionnel.
Un régime pauvre en micronutriments augmente le risque d’avortement spontané Il existe une association significative entre tous les micronutriments et l’avortement spontané. Il a été constaté que des problèmes durant la grossesse
résultaient, non seulement d’une déficience en protéines et en macronutriments, mais également d’un apport inadapté en micronutriments vitaux pendant la grossesse1-3.
De nombreuses études ont montré qu’un niveau sous-optimal de vitamine B6 et des concentrations élevées d’homocystéine plasmatique totale, représentent un marqueur d’un niveau insuffisant en folates (vitamine B9) ou en vitamine B12, qui peut augmenter le risque d’avortement spontané.
Nous avons aussi observé une consommation plus faible de vitamine C, de fer et de zinc chez les femmes ayant subi un avortement spontané. Ces données sont conformes à d’autres études, qui ont démontré une association entre un faible statut en micronutriments et des issues défavorables de la grossesse.

En Australie, les femmes enceintes, même motivées, pensant manger sainement, avaient un écart significatif par rapport aux recommandations.
La majorité des femmes (72 %) sont prêtes et décidées à introduire des changements dans leur alimentation, et sont en majorité (65 %) très confiantes pour le faire. 
.... mais que la réalité démontre le contraire, avec une sous-consommation de fruits, légumes, céréales et pain /
  • 93 % ne respectaient pas les recommandations concernant les légumes 
  • 90 % ne respectaient pas les recommandations concernant les fruits
  •  52 % mangeaient trop de viande 
  • 30 % consommaient trop de produits laitiers (même si 30 % consommaient la quantité recommandée – soit le pourcentage le plus élevé pour l’ensemble des groupes d’aliments) 
Leurs connaissances sur l’apport recommandé des 5 principaux groupes d’aliments, y compris les F&L, étaient limitées (55 % ignoraient l’apport correct en F&L).

Enfin, en Norvège, en comparant 2 groupes de patientes, les unes avec une prise en charge diététique active, les autres sans, il a été montré un meilleur équilibre nutritionnel, conforme aux préconisations.

L’intervention alimentaire était basée sur 10 recommandations alimentaires (voir ci-dessous) .
Les 10 recommandations alimentaires de l’étude norvégienne d’adaptation des apports alimentaires à l’accouchement: 1. Mangez des repas réguliers
2. Buvez de l’eau quand vous avez soif
3. Consommez des légumes chaque jour au dîner
4. Pour vos collations, choisissez des fruits et des légumes
5. Mangez des sucreries et des en-cas seulement lorsque vous en avez vraiment envie
6. Choisissez des portions de petite taille pour les aliments néfastes pour la santé
7. Limitez votre apport en sucres ajoutés
8. Limitez votre apport en sel
9. Ne mangez pas lorsque vous n’avez plus faim
10. Lisez les étiquettes nutritionnelles

Amélioration de plusieurs aspects du comportement alimentaire 
Les femmes du groupe d’intervention ont indiqué :
  • une consommation d’eau plus élevée par rapport à la consommation totale de boisson
  • une consommation plus fréquente de légumes pour le dîner
  • un choix plus fréquent de fruits et légumes pour les collations et l’achat plus fréquent de portions de taille réduite d’aliments néfastes pour la santé
  • Elles ont également davantage limité l’apport en sucres, évité de manger quand elles n’avaient plus faim et indiqué avoir lu les étiquettes alimentaires plus souvent que les femmes du groupe témoin
  • Associée à une augmentation de l’activité physique, elle a contribué à une prise de poids réduite pendant la grossesse. 
Quelles sont les recommandations ?
Prise de poids durant la gestation : 
 • IMC < 18.5 : + 12.5 à 18 kg
 • IMC 18.5-24.9 : + 11.5 à 16 kg
• IMC 25-29.9 : + 7 à 11.5 kg
• IMC ≥30 : + 5 à 9 kg.
Pour les femmes diabétiques, la prise de poids doit être dans la limite inférieure.

Sucres : 
Privilégier les glucides de bonne qualité nutritionnelle (à faible index glycémique) naturellement présents dans les aliments comme les céréales complètes, les Fruits et légumes, les haricots blancs, les lentilles et les laitages allégés.
La prise de sucres ajoutés doit être limitée (sucre, sucreries, boissons sucrées: sodas, etc.)

Graisses : 
Une consommation de poissons gras cuits est recommandée, mais sans excès, en raison de la présence de mercure dans certains (thon blanc, flétan, requin, espadon, maquereau roi...).

Des études ont montré qu’une supplémentation en ω3 (DHA) pendant le dernier trimestre de grossesse pourrait réduire les phénomènes allergiques chez l’enfant.

Fer : 
Une carence avérée doit être traitée pour éviter le risque hémorragique (placenta prævia, avortement, trouble de la coagulation...).

Folates : 
Folates et acide folique (vitamine B9) sont nécessaires à la synthèse d’ADN et la division cellulaire. Indispensables à la formation du tube neural qui survient dans les 28 jours de la gestation, leur carence est responsable de spina bifida voire d’anencéphalie

Iode : 
Les besoins en iode sont augmentés de 50% durant la grossesse.
Le fœtus ne synthétise pas de TSH jusqu’à la 10-12è semaine de grossesse et, durant la première moitié, dépend des hormones thyroïdiennes de sa mère, indispensables à son développement neurologique.
Principales sources alimentaires : sel iodé, produits de la mer, algues, laitages.

Vitamine D et calcium :
Un statut adéquat en vitamine D est nécessaire pour faire face aux besoins du fœtus en calcium.
Des concentrations de 25-OH D > à 20 ng/ ml (50 nmol/l) garantissent une bonne santé osseuse. Des recommandations de 1000 à 2000 mg/j pour la population générale sont admises. Pour la grossesse, un taux de 50 nmol/l semble suffisant. Les femmes perdent de 3 à 5% de masse osseuse durant l’allaitement mais les regagnent dans les 6 mois. Devant une alimentation pauvre en calcium, une supplémentation calcique de 1 à 2 g/j réduit le risque de pré éclampsie et d’HTA gravidique.


Les femmes enceintes sont encouragées à adopter une alimentation riche en F&L, en glucides de bonne qualité nutritionnelle, associée à un bon équilibre en protéines (végétales et animales), tout en évitant sucres ajoutés, viande rouge et viandes transformées. Une prescription simple qui reprend en définitive les bases du régime méditerranéen.

Vous l'aurez compris, c'est dès le projet de conception, que l'alimentation de la maman doit être évaluée, recomposée et adaptée pour couvrir les besoins en nutriments du bébé mais également de la maman. 

Au cours de la consultation diététique, nous évaluerons l'équilibre de votre alimentation, le besoin de complémentation nutritionnel en fonction de vos bilans sanguins. 
Mais attention le choix de compléments alimentaires en doit pas être réalisé sans l'avis d'un expert en micronutrition sur leur qualité, dosages et absorption. 


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